Eh oui gros effort pour traverser ces petites montagnes et c'est vrai que ça grimpe mais quel plaisir de passer les cols par temps couvert et tôt le matin ! Je quitte à 7h30 le camping de Sidi Ifni (linge lavé la veille pour 25 dh par une marocaine) en direction du défilé puis remontée vers le 1er col à 500 m où je finis à pied, car j'ai manqué de tomber étant en-dessous de 6 km/h. Je peux voir les femmes couper à la serpe un champs de blé familial. Le soir, ce sera un camion à vide qui les récupèrera pour les laisser dans leur village respectif. Pendant ce temps, les hommes se trainent jusqu'à un lieu de rassemblement pour jouer aux cartes ou raconter des blagues belges ? Pendant ce temps, je descends en évitant les trous dans la route qui est de plus en plus mauvaise. Les inondations de cet hiver ont fortement affecté les routes du Maroc et les réparations de fortune provisoires durent. Il me faudra plus de 3 h et 34 km pour passer le dernier des 3 cols et après, que du bonheur sur 10 km de descentes prudentes. J'anticipe la montée des véhicules pour les éviter dans les virages de peur de déraper vers eux. Enfin, la plaine et ses lignes droites et le vent a encore forci mais toujours de dos jusqu'au carrefour d'Abaynou. Après, je longe l'aérodrome qui semble interminable ainsi que les derniers km pour me poser.
J'arrive enfin au portail de la station thermal, devenu ce samedi une piscine pour gamins. Tout change avec le monde : l'eau est toujours aussi chaude mais il faut attendre la fin de soirée pour se baigner. En attendant, je plante ma tente dans l'herbe juste à côté d'une suite. Celle-ci sera d'ailleurs occupé pour l'après-midi seulement : couple illégitime sans doute car la femme a été déposée et cachée pour entrer dans la maison. J'ai l'impression de faire le gardien. Je prends une bonne douche ch.... non elle sera froide malgré les efforts d'Ali.
J'ai faim ! Pas de quoi cuire mes pâtes et pas de tajine à dévorer. Alors je négocie d'utiliser la cuisine pour faire des pâtes Barilla à la sauce italienne. Délicieux ! Je commande un grand verre de jus d'oranges et un tajine au poulet pour le soir. J'ai fait tout mon voyage sur la cuisine au tajine; je crois. Une grosse sieste et il y a moins de monde à la "pistache" à cette heure : 17h30. Je rencontre un jeune représentant de la délégation du tourisme, qui insiste pour que j'aille voir un camping tenu par des français à 2 km par la piste. Mais j'y prête peu d'attention tout en lui donnant l'adresse de mon blog. Encore un bon moment de délassement et le soir arrive déjà. Mon tajine au poulet est prêt à 19h30 et ce sera devent les infos de TV5Monde pour la 1ère fois au Maroc. Ce tajine sera le meilleur avec du poulet au citron confit, du pain frais et le traditionnel thé à la menthe.Couché à 22h après un rapide tour du minuscule village, assez calme pour un samedi.
Dimanche : Je me lève tranquillement vers 8h30 et les gamins du village viennent chiper l'eau du robinet, tour à tour. Ali arrive et me raconte ses galères de Clandestin marocain au départ de Layoune pour rejoindre les îles Canaries. 3 fois qu'il essaie de rester en territoire espagnol et 3 fois qu'il termine en prison. Alors ils travaillent pour payer les amendes (2 000 euros) qui lui éviteront la prison marocaine, plus terrible que celle de l'Espagne. Le prix du passage vers l'espoir européen : 600 euros, à raison de 25 par barque de pêcheurs et 2 moteurs Yamaha. Il faut rajouter 1 à 2 barils de hachich et de pétrole, compter 20 h de traversée si tout va bien et le backchich des policiersfrontaliers pour fermer les yeux. Vous en voulez encore ????
Ali insiste pour que j'aille dormir au camping des français plus haut et moins cher. Alors c'est décidé, j'y vais ! Mais c'est de la piste caillouteuse et un oued assêché que je traverse durant 2 longs km de faux plat montant. Puis l'oasis s'offre à moi comme on imagine le paradis : des fleurs partout, de l'eau qui jaillit d'une source, des tentes berbères et des keïma du sahara, mon premier troupeau sauvage de chameaux, des bruits d'oiseaux et des serpents et scorpions jaunes (les plus dangereux). Alors je dors avec un des chiens du campement qui chasse tout ce qui s'approche de moi la nuit.
Et je découvre Yohann (Sarthe) et sa copine Erise (74) près de leur camping-car et qui gère ce camping depuis Janvier seulement de main de maître. A l'abandon et gratuit pour tous, ils se sont attelés à la tâche de remonter ce campement original en quelques mois et de gagner un peu d'argent. Le camping BRITTA Dancy est payant et réservé à tous ceux qui ne se font pas passer pour un ami du patron. Le staff de 4 marocains (1 cuistot, un jeune apprenti, un jardinier et un serveur) d'ethnies assez variées (berbère, sarahoui, arabe) semble fonctionner en harmonie et sont très attachants. Ils ont connu la débacle précédente et voit en Yohann un vrai boss, même mieux que l'actuel patron marocain qui se faisait avoir. Pour ma part, je suis bien reçu et partage tous les repas avec mes hôtes, y compris la chicha (pipe à eau au tabac aromatisé pomme ou raisins) et un peu d'alcool de dattes ou de figues, au goût anisé. Le temps est au ciel bleu et la chaleur n'est pas étouffante mais la nuit fraîche. Dimanche verra les familles aisées marocaines débarquées en voiture et pic-nic de tajine sous ces tentes en photo ou au milieu des lauriers roses et blancs.
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