Je suis chargé comme un mulet avec 5 L d'eau potable, 1 kd d'oranges, 500 g de dattes, 200 g de cacahuètes et noix de pécan, 2 boites de sardines et du pain de la veille ! Mais ça roule à 20-22 km/h avec un peu de vent dans le dos ! Le soleil est voilé et il fait pas très chaud. La route est vide sur les premières heures et c'est très sécurisant. Je suis entouré d'un désert de pierres, de poussières et de plastiques. Quelques panneaux assez insolites ici car la dernière fois qu'il a plu, c'était il y a 4 ans !
Je n'ai pas vu de troupeau sauvage de dromadaires mais quelques spécimens isolés :
J’ai vu un seul oiseau et le pauvre n’a pas survécu au Sahara :
Je suis enfin un sahraoui et avec le peu d’arabe que je sais je vais me faire passer pour un marocain au premier contrôle de police. Au moins, je ne suis pas obligé de descendre du véhicule et de présenter mes papiers. Juste répondre ma nationalité et le métier.
Il est 11h30 lorsque je m’arrête pour manger au pied d’une antenne relais de téléphone portable, et déjà 80 KM au compteur. L’enceinte murée me donne un peu d’ombre mais je m’aventure à l’intérieur et je découvre un gardien qui me fait signe. Alors je l’attends à l’extérieur !! Il me propose de suite de l’eau puis un thé alors ni une, ni deux, je récupère ma bouffe et propose de partager mes victuailles. Il m’invite alors dans sa case bien à l’abri du soleil qui cogne maintenant. Je lui donne 2 oranges et il pioche dans mes dattes mais il ne veut pas de mon pain rassis et des sardines à l’huile. J’ai une fringale ! Je déguste son thé à la menthe, servi dans de minuscules verres mais préparé à la sahraoui. C’est Mohamed le sahraoui de Boujdour qui ne parle pas un mot de français. Il ne pige pas un mot de mon arabe dont l’accent le fait sourire. Cependant, on se comprendra : par signe surtout ! Je lui fait écouter de la musique sur ma clé USB car sa radio ne réceptionne pas très bien. Il va beaucoup aimer Deep Forest, U2 et un peu de Susan Boyle mais pas trop ! Du coup, il se lève et se met à préparer sa gamelle avec des patates, carottes (il ne mange pas le cœur), oignons et de fines lanières de viande séchés de chameaux.
Il veut que je partage sa popote alors qu’il a vu que j’ai mangé mais c’est vrai que les odeurs de cuisine m’enivre et il est difficile de refuser. Alors en attendant, je me lave les mains comme d’habitude et on grignote tous les 2 quelques dattes. Son plat mijote depuis 20 mn et il ajoute du sel et des épices (Raz El Hanout). L’hygiène est très importante malgré l’absence d’eau courante (Bidons de 50 et 100 L d’eau). Son plat enfin prêt, il partage le pain en 2 et on trempe chaque morceau dans cet excellent ragoût !!!! Une petite sieste toujours dans sa bicoque, assez bien ventilé, faite de murs de plastiques bleus résistants et d’un toit de tapis empilés. Au sol, un tapis plastique nous isole de la poussière, les chaussures restant toujours à l’entrée.
4 heures déjà passées en sa compagnie et il est temps de le quitter mais il se précipite dehors pour prier. Le nez dans le sable et orienté vers la Mecque, il édicte les sourates du Coran. J’attends à l’ombre patiemment et je lui dis adieu.
(sa bouteille plastique de parfum assez opportune vu mon état de saleté)
Il me reste à faire 70 bornes pour atteindre le 1ertroquet alors il ne faut pas traîner dans le Sahara. Le vent qui a forci et toujours de dos, et la moyenne a grimpé encore et encore. Je fais même des pointes à 46 km/h sur du faux plat. C’est rapide mais usant ce vent de sable ! J’arrive après 2h40 de trajet intense au café restaurant pour un Schweppes citron glacé bien mérité !
Je cherche un endroit pour dormir dans la salle principale mais il me conseille un hôtel 4 km plus loin. Je reprends ma monture sous l’admiration des routiers et descends les 4…non 8 km restants. La station service propose en effet restauration et chambre mais je retrouve une fourgonnette française (81) avec des vélos sur le toit qui m’avait doublé. Je fais connaissance d’un énergumène noir qui palabre avec les marocains pour vendre les vélos qu’ils transportent. Je me dis qu’il va forcément à Nouakchott ! Alors je lui propose de le payer en échange de passer la frontière et il accepte tout de suite. Ça lui paiera le gas-oil et le bakchich des policiers. Il est sénégalais et vit à Toulouse. Il se rend avec sa Renault express chargée à bloc de bric-à-brac à vendre à Dakar ou à donner à la famille ! La voiture aussi est à vendre et le retour à Toulouse se fera en avion. Apparemment, il n’est pas seul et un autre sénégalais, immatriculé en Espagne, transit au Maroc avec son Ford transit beaucoup trop bourré vu l’état des pneus. Serge, mon chauffeur démarre enfin avec mon vélo couché sur le toit et protégé par sa valise. Je lui propose le tarif habituel de Dackla à Nouakchott en camion de légumes : 50 euros et il accepte. C'est un business-man africain qui fonce à toutes allures direction la frontière. Il est 20h et le soleil est encore là ! Nous allons rouler une bonne partie de la nuit, car les Sénégalais n'intéressent pas Al Qaïda et moi, je reste déguisé en sahraoui. Nous nous arrêtons vers minuit après 300 km à plus de 100 et après les contrôles de gendarmerie royale de plus en plus fréquents. Le complexe Barbas nous invite à un nuit à 2 dans une chambre très propre et douche chaude (en tout cas pour moi!). Couché enfin vers 1h après unejournée dantesque....
Le jack qui arrive a se faire des potes meme là où il n'y a personne...Etonnant,non?
RépondreSupprimer(Tof)